Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/36

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avait mis trop de chaleur dans ses reproches ; il tâcha de prendre un ton plus modéré et lui dit : Ne soyez point offensée, ma chère Beverley, d’une liberté qui ne vient que du desir que j’aurais de vous être utile. Je croyais, je l’avoue, que notre intimité, notre ancienne liaison l’autorisait. Il m’est impossible, vous voyant sur le bord du précipice, de ne pas vous dire ce que je pense. Cependant, si ma sincérité vous offense, je me tairai. Non, non, vous ne vous tairez point, s’écria Cécile, votre sincérité ne saurait que me plaire, puisque jusqu’à présent elle m’a été utile. Peut-être ai-je mérité la censure la plus sévère de votre part ; j’avoue qu’avant votre arrivée je la redoutais ; j’aurais dû par conséquent y être mieux préparée. Vous devez, reprit-il, connaître mon zèle et le désintéressement avec lequel je vous suis dévoué ; je ne veux que prévoir et vous indiquer les périls auxquels pourraient vous exposer la mauvaise foi et la duplicité de ceux qui ont des vues opposées