Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/66

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tion : on excuse aisément ce qu’on desire ; et je suis très-aise de vous voir dans ce moment, parce qu’autrement… Elle hésita ; et Delvile, bien éloigné d’en deviner la raison, employa les expressions les plus tendres pour lui témoigner combien il était reconnaissant de sa complaisance. Il lui demanda ensuite pourquoi M. Monckton ne l’avait point accompagnée, et ce qui pouvait l’avoir engagée à partir si tard. Je ne suis point étonnée, répondit-elle plus posément, de votre surprise ; mais je n’ai pas actuellement le temps d’entrer en explication. Je vois que vous n’avez point reçu ma lettre. — Non, s’écria-t-il, très-étonné de son ton ; était-ce pour me défendre de venir vous voir ?… Vos regards… la lettre dont vous me parlez… tout concourt à me causer les plus vives alarmes, et quoique j’ignore de quoi il s’agit, et ce que je dois redouter, il m’est impossible d’être tranquille un seul moment tant que nous ne nous serons pas expliqués. Dites-moi donc pourquoi vous avez un air si réservé, si triste. Dites-moi ce que cette lettre me