Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/89

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d’un air d’autorité ordonna au cocher de les conduire dans Pall-Mall ; il leva ensuite les glaces, et regarda fièrement la populace.

Cécile n’eut ni le courage ni la force de lui résister ; mais choquée de son trop de vivacité, et offensée qu’il eût osé la suivre en public, ses regards exprimaient un ressentiment cent fois plus mortifiant que les reproches qu’elle aurait pu lui faire. Cruelle Cécile ! s’écria-t-il avec passion, quoi, m’abandonner à l’autel même !… renoncer à moi à l’instant où les nœuds les plus sacrés allaient nous unir !… et me traiter avec tant de dédain dans une conjoncture aussi terrible, me mépriser indignement au moment où vous m’abandonnez avec tant d’injustice !… À quelle affreuse scène, lui dit Cécile en se remettant un peu de sa consternation, m’avez-vous exposée ! à quelle honte, à quelle indignité, à quelle horrible disgrâce !

Ô ciel ! s’écria-t-il avec effroi, si le moindre crime, la moindre offense de ma part avaient pu l’occasionner, il n’y aurait