Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/12

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que cette affaire était si généralement connue, que je ne rencontrais personne qui parût l’ignorer.

Ces dernières paroles furent accablantes pour Cécile : ce que le docteur ayant apperçu, il chercha de nouveau à la consoler. Que le bruit s’en soit répandu, dit-il, c’est un accident auquel il n’y a plus de remède, par conséquent il est inutile d’y penser : tout le monde conviendra que votre choix mutuel fait honneur à l’un et à l’autre, et personne ne saurait avoir honte de vous remplacer l’un et l’autre, lorsque le cours ordinaire des choses de cette vie vous engagera, ainsi que M. Mortimer, à jeter les yeux sur quelqu’autre. Il a pris la résolution sage et prudente d’aller voyager et de ne revenir dans sa patrie que lorsqu’il sera plus maître de lui. Quant à vous, ma bonne jeune demoiselle, après avoir donné les premiers moments à votre douleur, je ne vois plus rien qui puisse troubler votre félicité. Tout l’univers est à votre disposition ; vous avez de la jeunesse, de l’esprit, de la fortune, de la beauté ; et vous êtes indé-