Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tit à revenir à Bury pour en repartir avec madame Delvile et l’accompagner à Bristol. Eh bien, s’écria-t-il, profitant de la première occasion pour tirer Cécile à l’écart, comment vous trouvez-vous ? Avez-vous, ainsi que vous me l’aviez promis, cherché à vous approprier mon systême ? Oui, sans doute, repartit-elle ; je me flatte même d’avoir fait quelques progrès à cet égard. Vous êtes une charmante personne, reprit-il, et bien extraordinaire ; sur mon honneur, je plains de tout mon cœur le pauvre Mortimer. C’est un jeune homme de mérite, qui pense noblement, et qui se conduit avec un courage et une prudence admirables. Il aurait remué ciel et terre, s’il avait cru pouvoir vous obtenir ; mais voyant qu’il ne saurait s’en flatter, il se soumet avec grandeur d’âme à sa destinée.

Les yeux de Cécile s’animèrent à ce discours. « Oui, répondit-elle, on a dit depuis long-temps que c’était l’incertitude qui faisait notre malheur ;… car c’est alors que les passions ont tout pouvoir et que la raison n’en a plus ; mais lorsque les maux