Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/145

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Je m’imagine souvent, ajouta Henriette, que les riches seraient tout aussi heureux en épousant des femmes pauvres, que les pauvres en épousant des femmes riches ; car ils prendraient une épouse qui s’efforcerait de mériter leurs bontés, au lieu que leurs égales sont en droit de les exiger. J’ai réfléchi à ce sujet relativement à ce gentilhomme ; quelquefois, après avoir admiré sa douceur et sa politesse, je me suis imaginé que j’avais de la fortune et de la naissance, et j’ai totalement oublié que je n’étais que la pauvre Henriette Belfield.

N’aurait-il donc point alors, s’écria Cécile un peu alarmée, cherché à vous plaire ? Non, jamais ; mais je dois vous avouer qu’il m’est arrivé de souhaiter d’être riche. Il est vrai qu’il présume si peu de lui-même, qu’il y a eu des moments où j’ai presque oublié la distance qui se trouvait entre nous, et même pensé… Ô folle pensée ! — Ne craignez pas chère Henriette, de me la communiquer. — Je ne vous cacherai rien, mademoiselle ; car