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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/16

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père ne le fut jamais. Ne pensez pourtant plus à lui, ma chère demoiselle, continua-t-il, car l’affaire me paraît tout-à-fait désespérée. Il faut que vous me pardonniez d’avoir été un peu trop officieux ; je vous avoue que je n’ai pu m’empêcher de proposer à ce vieillard un expédient de mon invention ; j’avais imaginé un tempérament. En vérité, mon projet était assez sensé. Il est vrai que quand les gens sont une fois prévenus, tous les raisonnements deviènent inutiles. Je proposais que l’un et l’autre renonçant à vos noms, puisqu’ils ont tant de peine à s’accorder ensemble, vous en adoptassiez un troisième, qui serait un titre ; mais M. Delvile m’a déclaré en colère que, quoiqu’un pareil expédient pût convenir au pauvre mylord Ernolf, dont la pairie était récente, jamais il ne consentirait que ses nobles aïeux vîssent un de leurs descendants abandonner celui que tant de siècles avaient rendu illustre. Son fils Mortimer, a-t-il ajouté, devait nécessairement hériter du titre de son grand-père, son oncle étant âgé et non marié ; que, supposé