Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/175

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duire comme auparavant, distribuant d’une main libérale tout ce qu’elle pouvait économiser sur la dépense de sa maison, son unique soin étant de se mettre en garde contre les frippons, dont, malgré toutes ses précautions, elle se trouvait quelquefois dupe. Mais son discernement et sa vigilance empêchèrent que cela n’arrivât souvent ; elle apprit, quoiqu’à ses dépens, à se défaire des imposteurs et de ceux dont elle découvrait les ruses : sa fortune la flattait peu depuis qu’elle avait été dédaignée par la famille Delvile ; et convaincue que l’argent n’avait pas le pouvoir de la rendre heureuse, elle le regardait assez indifféremment, et conséquemment comme presque dû à ceux dont les besoins et l’indigence le leur rendait indispensable, et beaucoup plus utile.

Ce fut de cette manière que Cécile passa le premier hiver de sa majorité. La lecture, la musique, les soins domestiques, qu’elle n’avait jamais dédaignés, avaient, en remplissant tous ses moments, écarté