Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/194

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Ce coup fut pour Cécile plus difficile à supporter que tous ceux dont elle avait jusqu’alors éprouvé les atteintes. La proposition de renoncer à l’héritage de son oncle, qui, quoique très-considérable, ne lui avait jusqu’à ce moment occasionné que des chagrins, n’avait rien de révoltant, et elle n’hésita pas un instant à y consentir ; mais en lui entendant parler de celui de son père, de cette fortune dont il ne restait plus le moindre vestige, elle fut saisie d’une subite horreur, devint pâle, trembla, et retira involontairement sa main.

Delvile, frappé de son effroi, en conclut que sa proposition lui avait déplu. Il attendit quelques minutes sa réponse avec autant d’inquiétude que d’impatience ; et voyant qu’elle continuait à garder le silence, il se leva, non moins agité qu’elle, et parcourut la salle à grands pas ; mais bientôt sa fierté venant à son secours : pardonnez-moi, mademoiselle, lui dit-il, une épreuve que nul mortel ne serait excusable d’oser tenter ;