Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sonne qui me serait le plus agréable. Vos yeux, s’écria-t-il, sont rouges ; votre voix est tremblante… Jeune, riche, et faite pour plaire, ayant le monde à vos pieds, ce monde que vous ne connaissez encore qu’imparfaitement, et dont vous n’avez point éprouvé la fausseté… Auriez-vous trouvé moyen de hâter le moment de la douleur ? Comment vous y êtes-vous prise pour ouvrir la boite qui renferme les misères humaines ? Précipitation fatale et précoce ! Une fois ouverte, elle ne peut plus se refermer, et les maux qu’elle contenait ne vous quitteront plus qu’au terme de votre carrière. Hélas ! répondit Cécile, ce que vous m’annoncez est bien cruel, et n’en est pas moins vrai. Pourquoi, reprit-il, vous êtes-vous approchée de la source fatale ? Elle ne s’est sûrement pas approchée de vous. Ce n’est point le mal qui cherche l’homme ; mais c’est l’homme qui cherche le mal. Il se promène au soleil, le nuage ne l’arrête point ; il poursuit sa course, tandis qu’il aurait pu éviter l’orage dont