Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/42

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campagne, et du riche au pauvre. J’entre dans toutes les maisons où l’on veut bien m’admettre ; j’exhorte ceux qui consentent à m’entendre, et je fais honte à ceux qui ne le veulent pas. Je cherche les malheureux par-tout où ils se tiènent cachés. Je poursuis les opulents pour leur demander leur superflu. J’épie les prodigues dans les lieux publics, où je ne crains point de les réprimander au milieu de leurs dissolutions. Je visite l’infortuné dans sa retraite, où je le conseille, et m’efforce de le secourir. Mes moyens sont peu considérables, mes parents, pendant ma détention, m’ayant réduit à une pension modique ; mais il n’y a personne que je n’ose solliciter, et mon zèle supplée au manque de facultés.

Ô vie dure, pénitente, laborieuse, fatigante et humiliante ! tu es telle que je l’ai méritée, et je n’en murmure pas. J’ai fait vœu de m’y soumettre, et je le tiendrai. Le seul délassement que je me permets de temps en temps, est celui que me procure la musique, à laquelle je suis extrêmement