Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/86

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croyable, elles ont imaginé que rien n’était au-dessus de mon mérite, que tout était à ma disposition. Quoique leurs espérances fussent chimériques, ce n’est qu’avec peine que je les vois trompées ; et je n’ose point être témoin des gémissements et des larmes qu’il leur sera sûrement impossible de retenir en me voyant.

C’est donc par délicatesse, repartit Cécile, que vous vous montrez cruel ; et par affection pour votre mère et pour votre sœur, que vous leur laissez croire que vous les avez oubliées ? Ce reproche avait quelque chose de fin, et il était tourné précisément de manière à faire effet sur l’esprit de Belfield qui, en sentant toute la force, s’écria : il me semble que j’ai tort… je vais dans le moment les voir. Cécile s’empressa d’applaudir à ce premier transport. Elles n’éprouveront jamais, lui dit-elle, de plus vive mortification que celle que leur cause votre absence volontaire ; et dès qu’elles sauront que vous êtes heureux, elles ne tarderont pas à être contentes du genre de vie que vous avez choisi, et qui vous a rendu tel. Heureux ! repartit-il avec feu. Oh ! je