Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/99

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se soustraire aux horreurs de la faim, sollicitent ce que les riches ignorent presque posséder, et qu’ils donnent sans rien diminuer de leur opulence ? — Plaît-il ? s’écria M. Briggs recouvrant son sang-froid par les efforts qu’il fit pour comprendre un discours auquel ses oreilles n’étaient point accoutumées ; que dites-vous ? — Si l’adversité t’implore vainement, continua Albani ; si ton cœur est fermé aux supplications de l’indigent, que ses pleurs l’endurcissent, et que rien ne soit capable de l’émouvoir, souffre du moins qu’un être encore dans toute sa pureté, qui jouit encore de sa première innocence, que la douleur et l’affliction trouvèrent toujours sensible, et ne manquèrent jamais d’enflammer du feu de la charité, paye par une très-petite portion de son immense fortune un tribut généreux qui prouve sa reconnaissance, afin que la providence ne renverse pas l’état actuel des choses, et qu’elle ne soit pas à son tour dans le cas d’attendre des secours de ceux à qui elle en accordait.