Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/172

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chaine et inévitable de toutes ses espérances.

Une épreuve si cruelle était au-dessus de son courage, sa raison même en fut altérée et les premières expressions de sa douleur furent des gémissements inarticulés. Me serais-tu déjà enlevée, s’écria-t-il ? aurais-je déjà perdu ma Cécile ? Elle était insensible à ce qui se passait, et cependant dans une agitation continuelle, elle tournait rapidement la tête de tous côtés ; ses yeux erraient à l’aventure, et ne paraissaient se fixer sur rien. Quelle horreur ! s’écria Delvile, quel spectacle ! Et s’adressant aux gens de la maison, il leur demanda avec colère ; pourquoi est-elle ici sur le plancher ? ne pouviez-vous pas lui donner un lit ? qui a soin d’elle ? pourquoi ne lui a-t-on pas donné des secours ? Ne me répondez pas… Je ne veux point vous entendre ; volez sur le champ chercher un médecin…, amenez-en deux… amenez-en trois… amenez tous ceux que vous rencontrerez. Alors détournant de nouveau ses regards