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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/215

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vois !… Est-ce bien là ma Cécile ! si pâle, si abattue… Ô patience angélique ! avez-vous pu dans vos souffrances prononcer le nom de Delvile, du coupable, mais infortuné Delvile votre tyran, votre assassin, et ne pas le maudire ? Cécile, extrêmement affectée, était hors d’état d’articuler un seul mot ; elle lui présenta la main ; elle le regarda avec douceur, et donna un libre cours à ses larmes qui coulaient en abondance.

Divine créature, s’écria Delvile, en baisant le gage qu’elle lui avait donné de son pardon, pouvez-vous m’accorder une seconde fois une main que j’avais si peu méritée ? Supporterez-vous encore la vue de l’auteur de vos souffrances, du malheureux qui a pu douter un instant de la pureté d’un cœur si noble et si généreux ? Ah ! Delvile, s’écria-t-elle en se ranimant un peu, ne pensez plus à ce qui s’est passé. Vous voir… vous appartenir… est un bien qui ne pouvait s’acheter trop cher. Je ne mérite pas ces bontés, s’écria-t-il en se levant. Je ne sais comment les