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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/47

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qu’il ne tarderait pas à arriver. Henriette fit son possible pour recevoir cette nouvelle de sang-froid, et répondit à cette preuve de confiance par des félicitations ; mais son courage ne put soutenir cet effort héroïque ; elle soupira, changea de couleur, et sortit subitement pour aller pleurer.

Les agréments personnels de Delvile, et les services qu’il avait rendus à son frère, avaient fait la plus forte impression sur un cœur qui s’était donné entièrement à lui sans s’en appercevoir. Elle ne s’était jamais demandé à elle-même à quoi la mènerait une passion aussi peu raisonnable. Elle l’avait entretenue par des projets chimériques et romanesques, dont elle voyait toute l’illusion. Cécile, à travers l’excès de la douleur de son amie, démêla clairement son innocence ; et elle était trop généreuse et trop équitable pour en être offensée. Elle lui pardonnait aisément d’avoir été trop sensible au mérite de Delvile, et la plaignait sans la blâmer. Elle redoubla ses bontés