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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/71

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elle, racontez-moi tout ce qui s’est passé ; je puis tout entendre. Il n’y a que la mort d’un homme tué par son semblable, dont je ne puisse soutenir l’idée.

Je n’aurais jamais cru que les choses allassent si loin. J’ai les duels en horreur ; ce sont des actes de violence que rien ne saurait justifier à mes yeux ; c’est une invention barbare et cruelle. J’ai agi d’une manière totalement opposée à mes principes : mais furieux, et n’écoutant que le ressentiment que m’inspiraient les infâmes calomnies, la raison n’a plus eu de pouvoir sur moi. Je lui ai reproché sa perfidie : il s’en est défendu, et a cherché à se justifier : je lui ai dit que je l’avais appris de mon père… Il a voulu détourner la conversation, en s’emportant contre lui ; j’ai exigé qu’il se dédît, et vous justifiât de ses fausses accusations. Il m’a demandé quel droit j’avais d’exiger une pareille rétractation. Je lui ai répondu avec fierté ; celui d’un époux. Son air ne m’a, dans ce moment, que trop fait connaître les motifs de sa trahison…