Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/115

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encore à mon embarras ; j’étois placée entre madame Duval et sir Clément, qui, je crois ; n’étoit pas plus édifié que moi de l’arrivée du lord Orville. Les disputes éternelles continuoient toujours entre le capitaine et madame Duval, et je rougissois d’appartenir à des gens aussi mal élevés. La pauvre madame Mirvan et son aimable fille n’avoient pas sujet d’être plus contentes.

Dès que mylord Orville eut pris sa chaise, il se fit un silence général ; sa présence nous gêna tous, quoique par des motifs différens. J’ignore par quelles raisons il avoit recherché notre société ; peut-être n’étoit-ce que pour voir si j’avois encore inventé quelque nouveau mensonge sur son compte.

Ce fut madame Duval qui rompit la première le silence : « Je suis choquée, dit-elle, de ce que vos dames portent des chapeaux dans une assemblée aussi élégante que Ranelagh ; je n’en vois pas l’utilité ; cela leur donne un air commun. On ne connoît pas cette mode à Paris ».

Sir Clément. « J’avoue que je ne protége pas trop moi-même les chapeaux, et je suis fâché que les dames aient adopté une mode qui est une vraie attrape ; car de deux choses l’une, ou le