Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/142

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sipée, alors il pourra bien ressembler à l’homme que j’aime et que j’honore le plus. Sa douceur actuelle, sa politesse, une modeste défiance de lui-même, semblent présager pour l’avenir cette même bienveillance, cette dignité et cette bonté de cœur que j’admire en vous… Mais je m’étends trop sur ce sujet.

Après que mylord se fut retiré, — sa visite fut bien courte, — je me préparai, quoiqu’avec répugnance, à retourner chez madame Duval. Madame Mirvan eut la bonté de m’éviter cet ennui : elle proposa au capitaine de la faire prier à dîner ; il y consentit, étant d’ailleurs bien aise, disoit-il, de lui demander des nouvelles de son négligé de soie.

Elle a accepté l’invitation, et on l’attend à tout moment. Je ne comprends pas qu’une femme, qui est maîtresse absolue de son temps, de ses biens et de ses volontés, puisse consentir à s’exposer de son plein gré aux incivilités d’un homme qui a visiblement pris à tâche de se jouer d’elle : mais elle est peu connue ici, et je suppose qu’elle ne sait pas trop comment s’occuper.

Que ne dois-je pas à madame Mirvan, de ce que son amitié veut bien me sacrifier un temps qu’elle passera très-mal elle-