Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étoit ravie en extase, et le capitaine la contrefaisoit par des contorsions ridicules qui attirèrent l’attention de toute l’assemblée. Pendant qu’on exécuta l’antienne d’un couronnement, madame Duval affectoit de battre la mesure et d’exprimer sa satisfaction par différent gestes.

Le capitaine demanda au plus vîte des odeurs : une dame eut la politesse de lui présenter son flacon, et il n’eut rien de plus pressé que de le mettre sous le nez de la pauvre madame Duval : la trop grande quantité qu’elle en prit par distraction, lui fit jeter de hauts cris. Dès qu’elle fut remise, elle éclata, comme de coutume, en invectives ; mais le capitaine protesta qu’il n’avoit pris cette précaution que par pure amitié, les transports de la dame lui ayant fait craindre qu’elle ne se trouvât mal. Cette excuse, loin de l’appaiser, amena une forte querelle, qui n’eut d’autre effet que de divertir le capitaine. Il est toujours si bruyant en public, que très-souvent nous avons honte de lui appartenir.

Madame Duval, malgré sa colère, ne fit aucune difficulté de venir dîner avec nous. Madame Mirvan avoit retenu des places au théâtre de Drury-Lane, et elle