Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/210

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votre Ranelagh, dont vous faites tant de bruit ; c’est bien encore l’endroit le plus ennuyant de la terre ! Il est pire que tous les autres ».

« Ranelagh ennuyant ! répéta-t-on de bouche en bouche ; et les dames, comme si elles s’étoient donné le mot, regardèrent toutes le Capitaine avec un sourire moqueur ».

« L’entrée, reprit M. Lovel, y est à bon marché ; mais cet endroit n’est pas fait pour le vulgaire : à moins qu’on n’y apporte une certaine connoissance du grand monde, un goût sûr, des liaisons avec les gens du bon ton, on doit s’y ennuyer de toute nécessité ».

« Ranelagh, s’écria le lord inconnu, est un endroit divin, un vrai paradis. Nous devrions y faire un tour encore ce soir ».

« Mais sans doute ; il n’est que dix heures », ajouta M. Lovel en tirant une belle montre. Les dames furent bien-tôt d’accord.

« Comment, diable, interrompit le capitaine, en appuyant les deux coudes sur la table, vous allez courir à Ranelagh à cette heure-ci » ?

« Et pourquoi non, lui demanda l’inconnu ? j’espère que vous serez de la