Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/251

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pied à terre, et nous accosta, les rênes à la main : « Ciel ! nous dit-il avec sa vivacité ordinaire, n’est-ce pas miss Anville que je vois ? — Et vous aussi, miss Mirvan » ? Après avoir remis son cheval à son domestique, il vint nous baiser les mains, et nous dit mille jolies choses sur sa bonne fortune, sur les charmes d’une campagne habitée par de telles divinités. « Londres languit, mesdames, depuis votre absence, ou plutôt j’y languis moi-même ; tous ses plaisirs me sont devenus indifférens. Ici le zéphyr me rend la vie et des forces nouvelles ; mais, il faut l’avouer, jamais je ne vis la campagne aussi belle».

« La capitale est-elle donc déjà si déserte » ? lui demanda miss Mirvan.

« Tant s’en faut, madame ; elle est plus remplie que jamais, et on ne se retirera guère qu’après la fête du roi. Mais on vous y a vue si peu, qu’il n’y a qu’un petit nombre de personnes qui sachent la perte que la ville a faite. J’y ai été trop sensible pour avoir pu la supporter plus long-temps ».

« Y est-il resté quelques personnes de notre connaissance » ? lui dis-je.

« Oui, madame » ; et il me cita plusieurs de ceux que nous avions vus pen-