Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/259

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peines à lui faire quitter ce projet insensé.

Ces messages avoient rempli toute la matinée. Madame Duval parut au dîné beaucoup plus tranquille, et elle déclara à diverses reprises qu’elle ne croyoit rien de tout ce récit, du moins en tant qu’il intéressoit M. Dubois ; qu’apparemment on se seroit trompé de personnage.

Le capitaine employa tous ses efforts pour lui persuader qu’elle se faisoit illusion. Sir Clément joua son rôle avec plus d’adresse ; il affecta de se rapprocher de l’avis de madame Duval, et il convint qu’il pourroit y avoir de l’erreur dans le nom ; mais en même temps il eut soin d’augmenter son inquiétude, en appuyant sur les dangers que couroit cet inconnu, et en exagérant la situation critique où il se trouvoit.

Nous fûmes à peine levés de table, qu’on vint rendre une lettre à madame Duval. Elle n’y eut pas plutôt jeté les yeux, qu’elle demanda de qui elle venoit. Le domestique lui répondit qu’elle avoit été apportée par un garçon, qui étoit reparti aussi-tôt.

« Courez après au plus vîte, et ne manquez pas de me le ramener. Mon Dieu, quelle aventure » !