Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/285

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Madame Duval, en me rapportant ces détails, se plaignit amèrement de la dureté de son sort, qui lui ôtoit même jusqu’au plaisir de se venger. Elle protesta cependant qu’elle n’empocheroit pas lâchement l’affront qu’elle avoit reçu ; mais qu’elle se consulteroit avec M. Dubois sur les mesures qui lui restoient à prendre contre les coupables.

Pendant cette conversation elle acheva sa toilette : jamais je ne vis une femme aussi difficile à contenter, et d’une coquetterie aussi raffinée ; le soin de se parer semble être sa première occupation.

En la quittant je rencontrai sir Clément, qui, d’un air fort empressé, me demanda un moment d’entretien. Il ajouta que les choses importantes qu’il avoit à me communiquer, rendoient cette complaisance indispensable ; et sans attendre ma réponse, il me conduisit au jardin : je refusai absolument de le suivre plus loin que jusqu’à la porte.

Il prit un visage sérieux, et me dit d’un ton de voix fort grave : « Enfin, miss Anville, je me flatte d’avoir trouvé un moyen de vous obliger, et je vais le mettre en usage, quelque peine qu’il m’en coûte.