Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/307

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et des conjectures sur l’accident qui lui étoit arrivé, occupèrent madame Duval pendant tout le reste du voyage.

Je lui demandai dans quel quartier de Londres nous logerions. Elle me répondit qu’elle avoit chargé M. Branghton de nous chercher des chambres, et qu’elle lui avoit donné rendez-vous dans l’auberge où nous descendrions. Le cocher nous mena donc dans le Bishopsgate-Street, où nous trouvâmes M. Branghton. Il nous reçut poliment ; mais il marqua quelque surprise de me voir arriver avec sa tante : il ne savoit pas que je serois du voyage. Madame Duval ne tarda pas à s’expliquer à mon égard. « Il faut que vous sachiez, dit-elle à M. Branghton, que je me propose, d’emmener cette jeune fille à Paris, pour lui faire voir le monde, et pour la former un peu : d’ailleurs, j’ai encore d’autres desseins sur elle, dont je vous instruirai plus en détail. Mais vous imagineriez-vous que ce vieux curé dont je vous ai parlé quelquefois, a voulu la retenir. Je compte cependant qu’il me paiera son refus ; car je partirai avec elle sans dire le mot à personne ».

J’étois stupéfaite d’une pareille ouverture ; mais toujours suis-je heureuse