Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cherez point de conserver le souvenir de ce que je vous dois. Je passe à d’autres objets, pour ne pas blesser votre délicatesse en appuyant trop sur celui-ci.

Ô ma chère Marie ! Londres n’est plus cette ville où je goûtois tant de satisfaction lorsque j’y étois avec vous : tout y a pris pour moi une face nouvelle ; ma position n’est plus la même : je ne retrouve plus mes sociétés ; je ne suis plus logée avec une amie de cœur : tout a changé ; tout justifie le dégoût que j’ai eu pour ce voyage.

Londres est aujourd’hui un désert à mes yeux. Cette apparence de gaîté et de grandeur que j’ai tant vantée, a disparu ; tout ce que je vois porte une empreinte lugubre et ennuyeuse : il n’y a pas jusqu’au climat que je ne trouve altéré ; un air grossier, des chaleurs excessives, beaucoup de poussière, des habitans ignorans et mal élevés : tel est du moins le tableau que m’offre la capitale dans le quartier où je réside.

Vous souvient-il encore, ma chère Marie, du temps que nous avons passé ensemble à Londres ? Pour moi, j’y pense souvent, très-souvent ; mais je ne le rappelle que comme un songe, comme une vision passagère et chimérique. — Avoir