Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/333

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pour lui ; qu’il auroit soin de se procurer un second billet pour elle-même.

« Monsieur, lui dit-elle avec humeur, vous eussiez pu tout aussi bien me demander la première ; je ne suis pas accoutumée à ces sortes de grossièretés : gardez vos billets, nous n’en avons que faire ».

Cette sortie acheva de le déconcerter : il fit quelques excuses à madame Duval, en ajoutant assez adroitement qu’il n’auroit pas manqué de s’assurer d’avance de son agrément, s’il avoit pu prévoir le refus de la jeune demoiselle ; qu’il avoit espéré, au contraire, que celle-ci l’aideroit à la persuader elle-même.

Cette justification parut suffisante à madame Duval, et M. Smith, à mon grand chagrin, emporta son consentement ; elle lui promit, pour elle et pour moi, que nous le suivrions à Hampstead dès qu’il voudroit.

M. Smith, fier de ce succès, s’approcha de moi pour me demander, d’un air triomphant, si je comptois encore persister dans mon refus ? Je ne lui répondis rien, et il se retira. Il a entièrement réussi à captiver les bonnes graces de madame Duval ; et elle dit, lorsqu’il fut parti, que c’étoit le plus aimable