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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/378

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pour m’assassiner, quoique je ne lui aie jamais fait le moindre mal ».

Au moment où madame Duval achevoit cette invective, la porte s’ouvrit, et nous vîmes entrer sir Clément Willoughby lui-même. Son apparition nous mit tous en confusion ; on lui présenta une chaise, et on s’assit presque sans le vouloir.

Il adressa la parole à madame Duval, en lui disant qu’il venoit prendre ses ordres pour Howard-Grove, où il comptoit se rendre demain matin. Et sans attendre sa réponse, il se tourna vers moi, et me demanda s’il seroit assez heureux pour être chargé de quelque commission de ma part pour la famille Mirvan. Je lui répondis que je ne lui donnerois point cette peine, puisque j’avois écrit par la poste d’hier à mes amis de Howard-Grove.

« Vous m’excuserez, reprit-il en revenant à madame Duval, de ce que je ne vous ai pas rendu mes devoirs plutôt ; mais j’ai absolument ignoré que vous fussiez en ville ».

Madame Duval n’avoit pas ouvert la bouche jusqu’ici, mais il étoit aisé de voir qu’elle étouffoit de colère : « Il faut l’avouer, s’écria-t-elle tout d’un coup, voilà une audace sans exemple ».