Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/384

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viendroit à une ouverture : j’étois sur le point de lui offrir ma bourse, si je n’avois craint de l’offenser. Comme il continuoit de garder le silence, je pris sur moi de lui demander s’il souhaitoit de me parler.

« Oui, je le souhaitais, mais je n’en ai plus la force ».

« Une autre fois peut-être quand vous serez plus calme — ».

« Une autre fois ! reprit-il d’un ton lamentable. Hélas ! l’avenir ne m’offre que misère et désespoir ».

« Oh ! monsieur, ne vous abandonnez pas à des idées aussi accablantes. — Si vous désespérez ainsi de vous-même, comment pourrois-je… ».

« Ah ! madame, qui êtes-vous ? d’où venez-vous ? par quel hasard semblez-vous être devenue l’arbitre du sort d’un malheureux comme moi » ?

« Veuille le ciel que je puisse vous être utile » !

« Vous le pouvez » !

« Dites-moi comment » ?

« Eh bien ! madame, vous le saurez. La mort étoit l’unique ressource qui me restoit ; vous me l’avez enlevée, et j’ai acquis le droit de réclamer vos secours ».