Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/91

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« Qu’ai-je fait » ! s’écria le mauvais génie qui étoit la cause de tout ce désordre ; et il s’enfuit promptement pour chercher un verre d’eau.

J’en avois dit assez pour faire deviner au lord tout le reste de ce mystère. Il approcha un siége, et me dit d’une voix basse : « Ne soyez pas inquiète, je vous supplie ; vous ferez toujours honneur à mon nom, quand vous voudrez bien vous en servir ».

Cette politesse me soulagea un peu. Un murmure général avoit alarmé miss Mirvan, qui vint me trouver aussi-tôt. Elle me fit prendre un verre d’eau que mon bourreau venoit d’apporter ; après quoi mylord Orville le pria de se retirer.

« Au nom du ciel, madame, m’écriai-je, laissez-moi m’en aller ; je n’y puis tenir davantage ».

« Nous nous en irons tous », répondit ma bonne Marie.

« Mais que dira le capitaine ? J’aurois mieux aimé partir seule en chaise à porteurs ».

Madame Mirvan y consentit, et je me levai pour sortir. Mylord Orville et l’inconnu m’accompagnèrent. Le premier me présenta la main avec une complai-