Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/93

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pense de moi. Mais mylord Orville ! s’il m’a pris d’abord pour une imbécille, il doit m’accuser à présent de témérité et de présomption. Me servir de son nom ! quelle hardiesse ! Encore, s’il savoit ce qui y a donné lieu ; il doit s’imaginer que c’étoit par un excès de vanité. Je suis déterminée à quitter cette méchante ville dès demain, et jamais je n’y remettrai les pieds.

Le capitaine se propose de nous faire voir ce soir les Fantoccini. Je ne puis pas souffrir ce capitaine ; vous ne sauriez vous faire une idée de sa grossièreté. Je suis heureuse qu’il n’ait pas assisté au dénouement de la fâcheuse aventure d’hier ; il n’auroit fait qu’augmenter mon trouble : peut-être s’en seroit-il diverti, car il ne rit jamais qu’aux dépens d’autrui.

Voici la dernière lettre que je vous écris de Londres. — J’en suis très-aise ; car je connois trop peu le monde, pour me gouverner convenablement dans une grande ville, où tout est neuf pour moi, où je rencontre à chaque pas les choses les plus bizarres.

Adieu, mon cher monsieur. Que le ciel me ramène en sûreté chez vous ! Que ne puis-je retourner dans cet ins-