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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/186

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connue, si peu respectée, et si souvent victime de la trahison !

Que n’êtes-vous, ici !… je pourrois discuter en détail avec vous une matière trop délicate pour être traitée par écrit ; cependant elle est aussi trop intéressante, et la situation dans laquelle vous vous trouvez trop épineuse, pour souffrir le moindre délai. — Oui, mon Évelina, je ne crains pas de vous le dire, vous êtes dans une situation critique ; il y va du repos de votre vie, et tout votre bonheur peut dépendre du moment présent.

Jusqu’ici je me suis abstenu de toucher un objet dont l’importance ne m’a cependant point échappé ; j’entends l’état de votre cœur. Hélas ! il n’étoit pas nécessaire que vous m’en parlassiez ; j’y ai vu clair, malgré le silence que j’ai gardé.

Je m’apperçois déjà depuis long-temps et avec regret de l’ascendant que mylord Orville a pris sur vous. Vous serez étonnée de m’entendre prononcer son nom, votre surprise augmentera à chaque ligne que vous allez lire : j’en suis fâché ; mais quoiqu’il m’en coûte de faire de la peine à ma chère Evelina, je ne suis plus le maître de l’épargner.

Votre première entrevue avec mylord