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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/200

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monde m’y traite avec hauteur, sinon avec mépris ».

J’étois fâchée de n’avoir pas mis plus de modération dans mes plaintes, qui, dans ce moment-ci, sembloient porter directement contre lady Louise. Ce fut aussi dans ce sens que mylord Orville les prit. « Ciel ! s’écria-t-il, est-il possible de refuser à votre douceur et à votre mérite, toute l’estime, toute l’admiration qui leur sont dues ! Je ne puis, je n’ose exprimer jusqu’où va mon indignation ».

« Je suis au désespoir, mylord, d’en être la cause ; mais j’ai besoin de protection, et jusqu’ici j’ai été peu accoutumée à souffrir des humiliations ».

« Ma chère miss Anville, permettez que je sois votre ami ; agréez-moi pour frère, et en cette qualité que j’aie droit à vous offrir mes services : dans toutes les occasions je serai fier de vous donner des preuves de mon attention et de mon respect ».

La compagnie rentra avant que j’eusse le temps de répondre. Comme je n’avois guère envie de revoir mylord Merton avant qu’il eut dormi, je me préparai à me retirer dans ma chambre. Orville, qui devina mon projet, me demanda si