Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rester seule avec lui dans l’antichambre, car il me retint de force. J’étois cependant un peu honteuse d’avoir l’air de m’attribuer ainsi sa visite ; ses assiduités ne le font que trop soupçonner déjà.

Il passa plus de deux heures avec nous, et il affecta pendant tout ce temps de m’entretenir en particulier ; peut-être n’en aurois-je pas encore été débarrassée, si madame Beaumont n’avoit proposé un tour en voiture. Lady Louise accepta, et madame Selwyn dit qu’elle seroit charmée d’être de la partie, pourvu que mylord Orville ou sir Clément s’en missent aussi : un simple trio de femmes, ajouta-t-elle, lui sembloit trop insipide.

Sir Clément, toujours attentif à faire sa cour à madame Selwyn, demanda la permission d’accompagner les dames : mylord Orville s’en excusa, et moi je montai dans ma chambre, d’où je ne suis descendue que pour dîner. J’évite autant que je puis la présence du lord ; sa froideur m’est insupportable, quoique je l’y aie autorisé par ma propre conduite.

Sir Clément fut encore des nôtres à dîner ; il joue son rôle à merveille, et il a réussi à gagner entièrement les bonnes