Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/27

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tement dans les termes les moins équivoques.

Mais quelle fut ma surprise, quand je remarquai que cet homme n’attribuoit mon ressentiment qu’aux doutes que je pouvois avoir de la sincérité de ses propositions. « Soyez moins prompte, me dit-il, ma chère dame ; mes vues sont honnêtes, je vous le proteste. Pouvez-vous exiger qu’on se décide tout d’un coup pour une chose aussi sérieuse que le mariage ? Perdre sa liberté, se couvrir de ridicule aux yeux de ses amis, en vérité ce n’est pas une bagatelle. Jamais femme, avant vous, n’a pu me faire envisager l’état du mariage comme supportable ; il m’a toujours paru un vrai enfer ».

« Votre opinion, monsieur, sur ce sujet ne m’intéresse guère, je vous l’avoue ; et ce seroit perdre le temps très-inutilement, que de discuter cette matière avec vous ».

« Vous êtes un peu trop vive, madame. Qu’une femme aime l’état du mariage, cela est naturel ; mais il n’en est pas de même de nous autres hommes. Mettez-vous, par exemple, à ma place ; figurez-vous que j’ai toujours vécu dans un cercle d’amis, qui m’ont connu jus-