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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/275

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quelques sornettes à madame Beaumont, pour la préparer à notre départ.

En allant dîner je retrouvai mylord Orville de tout aussi bonne humeur qu’auparavant ; il s’assit à côté de moi, plaisantant sur mon goût pour la retraite, et il auroit été en droit de me répéter ce qu’il m’a dit dernièrement, qu’il perdoit ses peines à me divertir. En effet, l’entreprise eût été difficile : j’étois triste et abattue ; l’idée d’une entrevue solemnelle, — celle d’une séparation douloureuse, — pesoit trop à mon cœur, pour que je fusse maîtresse de mon esprit. Je regrettai même l’espèce d’explication que j’avois eue avec mylord Orville ; pourquoi falloit-il que nous quittassions l’un et l’autre le ton réservé que nous semblions nous être imposé.

Il fut question pendant le repas de notre voyage à Londres, et cette nouvelle parut consterner mylord Orville. Un nuage épais se répandit sur sa physionomie, et il devint presque aussi pensif et aussi tranquille que moi.

Madame Selwyn, occupée de ses préparatifs, se retira en sortant de table, et me pria de lui rassembler quelques livres qu’elle avoit laissés dans la salle à visites. Je m’y rendis pour les chercher,