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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/278

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de sa vivacité. Je voulus m’en aller ; mais il me retint par force.

Essaierai-je de tracer la scène qui suivit ? comment vous la rendre, quoiqu’elle soit gravée profondément dans mon cœur ? Mais les discours d’Orville, ses protestations, étoient trop flatteurs, pour que je ne prenne pas plaisir à les répéter. J’avois cherché plusieurs fois à quitter la chambre, il s’y opposa avec opiniâtreté ; — en un mot, monsieur, je ne pus tenir contre ses instances réitérées, — et il réussit à m’arracher le secret le plus sacré de mon cœur.

Je ne sais depuis quand nous étions ensemble, mais madame Selwyn, impatientée apparemment de ma trop longue absence, vint me chercher, et, en ouvrant la porte, elle trouva… mylord Orville à mes genoux. Jugez, monsieur, de ma honte et de mon trouble ! Orville fut déconcerté autant que moi ; il se leva un peu confus, et madame Selwyn se donna le temps de nous regarder l’un après l’autre sans dire mot. Enfin elle adressa la parole au lord : « Avez-vous eu la bonté, lui demanda-t-elle de son ton de sarcasme, d’aider miss Anville à chercher mes livres » ?

« Oui, répondit-il en affectant de