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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/291

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sortir ; mais je n’en eus pas le courage : un mouvement de compassion me retint encore, et c’est dans ce moment que je vis entrer madame Beaumont suivie de Lady Louise et de M. Coverley.

« Excusez, dit la première à sir Clément, si je vous ai fait attendre ; mais… ».

Elle n’eut pas le temps d’achever ; sir Clément, trop confus pour savoir ce qu’il faisoit, prit son chapeau, et décampa brusquement sans dire mot à personne.

Il emporta toute ma pitié ; cependant j’espère et je souhaite de ne pas le revoir de si-tôt. Mais que faut-il, mon cher monsieur, que je pense de ses propos singuliers au sujet de la lettre ? Ne diroit-on pas qu’il en est lui-même l’auteur ? Comment auroit-il su, sans cela, qu’elle est d’un contenu aussi méprisable ? D’ailleurs, hors sir Clément, je ne connois aucun être vivant qui eût pu tirer quelque avantage de cette supercherie. Je me rappelle aussi qu’il passa à ma porte le moment après que j’eus donné mon billet à la servante du logis : apparemment qu’il l’avoit gagnée pour le lui remettre, et me faire parvenir ensuite une réponse de sa façon. Voilà la seule explication que je puisse donner à cette affaire. Oh ! sir Clément, si, par vous-