Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion. Il me pressa de lui abandonner la conduite de cette affaire, et me proposa de nous unir avant cette entrevue.

Je fus sensible à cette nouvelle preuve de sa générosité, mais je lui fis remarque que je m’en rapporterai là-dessus entièrement à votre avis, monsieur ; que d’ailleurs j’étois bien sûre qu’avant de prendre des engagemens aussi solemnels, vous me conseillerez d’attendre l’issue d’une affaire qui ne sauroit plus demeurer long-temps incertaine ; que cette précaution me paroissoit nécessaire jusqu’à ce que je susse de l’autorité de qui je dois proprement dépendre dans la suite. Le reste de notre conversation roula entièrement sur cette redoutable entrevue et sur les craintes qu’elle m’inspire ; elle a été depuis le sujet de toutes mes pensées.

J’approche donc de ce moment si long-temps attendu, si long-temps desiré, de ce moment terrible où il me sera permis de me jeter aux pieds d’un père ; titre auguste et sacré que je ne prononce qu’en tremblant. Je brûle de connoître ce père, je languis de l’aimer. Ô ciel ! prête-moi ton appui dans ce moment de crise !