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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/352

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garde encore ! Ah ! juste ciel ! vit-on jamais une ressemblance plus frappante ! — voilà ses yeux, sa bouche, — ses traits. Oh ! mon enfant, mon enfant » ! — Peignez-vous, monsieur, — car j’essaierais en vain de rendre ce tableau, — peignez-vous mon saisissement, quand je vis mon père tomber à genoux devant moi. « Ô toi, me dit-il, l’image de ta mère que j’ai assassinée, vois ton père à tes pieds ; — vois jusqu’où il s’abaisse pour te prier de lui épargner ta haine. Parle-moi au nom de l’épouse que j’ai perdue ; — que j’apprenne par ta bouche qu’elle ne dédaigne pas entièrement les remords affreux auxquels je suis en proie ». —

« Ah ! mon père, dans quelle situation vous me réduisez ? levez-vous ; — de grace ! levez-vous ; — ne renversez pas l’ordre de la nature, levez-vous ; c’est moi qui demande à genoux votre bénédiction ».

« Que le ciel te bénisse, ma fille ; je n’ose le faire moi-même ». Il m’embrassa tendrement, en ajoutant : « Ta douceur m’enchante ; j’avois tort de te craindre ; tes sentimens ne laisseroient rien à desirer au meilleur des pères ; je tâcherai d’accoutumer mes yeux à te voir avec