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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/37

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me paroissoit insupportable ; vingt fois je fus sur le point de retourner en France à tout hasard. Enfin il arriva une malle qui me remit plusieurs lettres à la fois ; elles m’apportèrent des nouvelles capables de diminuer du moins mes chagrins les plus accablans : j’appris que je n’avois pas consommé l’horreur du parricide ; que mon père étoit en vie ; que dès que sa guérison seroit achevée, il se proposoit de faire un voyage en Angleterre pour y conduire ma malheureuse sœur, qui devoit se retirer chez une de ses tantes.

Je résolus aussi-tôt d’aller au-devant d’eux à Londres, de révéler à mon père irrité le secret de cette terrible aventure, et de le convaincre par-là qu’il n’avoit plus rien à craindre du choix fatal de sa fille. Ma mère goûta ce projet, et me munit d’une lettre qui attestoit la vérité de mes assertions. Comme je n’avois pas le moyen de fournir largement aux frais du voyage, je fis ma route de la manière la moins coûteuse. Je me logeai dans un petit réduit, — que vous avez eu occasion de voir, madame, et je me mis en pension chez mes hôtes.

C’est ici que je languissois dans l’attente de ma famille ; mes espérances