Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/49

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que je ne prétendois pas les incommoder davantage.

Dans le même moment, je rencontrai madame Duval et les demoiselles Branghton, qui toutes étoient fort curieuses de savoir ce que j’étois devenue : je leur promis que nous en parlerions une autre fois. Il m’importoit d’écarter ces deux femmes, qui continuèrent toujours à prêter une attention indiscrète à notre conversation : elles eurent même la hardiesse de nous proposer d’être des nôtres ; personne ne les refusa, et je n’osois rien dire moi-même. Il me fallut de nouveau consentir à m’associer avec elles.

Comme si tout avoit conspiré à me couvrir de confusion, le hasard voulut que nous rencontrassions encore le lord Orville. — Cette fois-ci il m’apperçut. — Sa présence fut un coup de foudre pour moi ; je n’avois pas le courage de le regarder en face : il s’approcha vers moi, et nous nous arrêtâmes tous.

Il eut la bonté de me saluer, et il me fixa d’une manière qui exprimoit assez sa surprise : je crus cependant lire dans ses yeux un certain intérêt qu’il sembloit prendre à ma situation, et cette idée est la seule consolation que j’aie eue dans cette horrible soirée.