Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/58

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matière : je n’ai d’autre excuse à alléguer que mon estime pour madame Mirvan, et l’intérêt sincère que je prends à votre propre bonheur. Malgré cela, peut-être, j’ai été trop loin ».

« Je suis très-sensible, mylord, à l’honneur que vous me faites ; mais… ».

« Permettez-moi madame, de vous assurer qu’il n’est pas dans mon caractère de m’ingérer à donner des avis. Je n’aurois point risqué de vous déplaire, si je n’avois été persuadé que vous pensez trop bien pour vous offenser sans raison ».

« Non, mylord, je ne me crois point offensée ; mais je suis affligée de me voir dans une situation malheureuse, qui m’oblige à recourir à des explications également pénibles et humiliantes ».

« Madame, c’est sur moi que doivent retomber tous vos chagrins, si j’ai pu vous en causer : je n’ai point cherché d’explication, puisque je n’avois point de doute. Miss Anville ne m’a pas compris, et elle se fait du tort à elle-même. Souffrez que je vous dise à cœur ouvert, dans quelle intention je suis venu ici».

Nous reprîmes nos places, et je le laissai continuer.