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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/72

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leur dis que je venois de votre part ».

« De ma part » ?

« Oui, miss, car vous n’auriez pas voulu que j’eusse fait tout ce chemin pour rien. Je priai donc le portier de dire à mylord que quelqu’un demandoit à lui parler de la part de miss Anville ».

« Et qui vous en a donné la permission » ?

« Eh bon Dieu ! ne vous fâchez pas, miss, vous serez contente quand vous apprendrez comme tout a tourné à bien. Dès qu’on m’eut annoncé, je fus introduit sur le champ ; il me fallut passer une haie de domestiques et une enfilade de chambres sans fin. Je tirai mauvais présage de toute cette magnificence, et je m’attendois à trouver un maître trop fier pour me parler ; mais il ne l’est pas plus que moi, et il m’a traité comme si j’étois son égal. Je le priai donc d’excuser ce qui s’étoit passé, et je l’assurai que la glace n’avoit été cassée que par malheur. Il me répondit que c’étoit une bagatelle à laquelle il ne pensoit plus ; qu’il espéroit seulement que vous aviez été heureusement rendue chez vous, et que vous n’aviez point été effrayée de cet accident. Je l’assurai qu’il ne vous étoit arrivé aucun mal, et que vous