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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/80

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propos de me relancer de nouveau dans la chambre à manger, où il m’avoit vue entrer.

« Vous ne l’aimez donc pas, ce garçon, mademoiselle » ? me dit-il.

« Non, en vérité, et je le déteste ; sa présence me donne des maux de cœur ».

« Ah ! vous me rendez la vie », s’écria-t-il avec transport en se jetant à mes pieds.

Dans le même instant madame Duval ouvrit la porte.

Il se releva au plus vite, honteux et confus de cet accident. Mais comment vous dépeindrai-je la rage de madame Duval ? Elle livra un assaut des plus furieux, et sa langue la servit avec une volubilité merveilleuse. Ses reproches sembloient être dictés par la jalousie : M. Dubois fut accusé d’infidélité. Il se défendit foiblement par des subterfuges, et madame Duval lui ayant ordonné de fuir sa présence, il lui céda prudemment le champ de bataille. J’eus à mon tour un rude choc à soutenir ; elle me prodigua les titres de séductrice, d’ingrate, de fille rusée ; elle me fit entendre que je n’irois point avec elle à Paris, et qu’elle ne se mêleroit plus de mes affaires, à