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DU BUDDHISME INDIEN.


Cette remarque s’applique également à la formule qui termine ce même Sûtra simple ; on n’y voit, pas plus que dans le préambule, la moindre trace de la présence de ces personnages qui paraissent si fréquemment sur la scène des Sûtras développés.

Les observations auxquelles viennent de donner lieu les auditeurs surnaturels qui assistent miraculeusement aux assemblées de Çâkya touchent à la fois à la forme et au fonds des Sûtras développés. Ces Bôdhisattvas en effet ne se montrent pas seulement dans le cadre de ces traités, cadre qu’on pourrait concevoir à la rigueur comme ayant été ajouté après coup, mais ils prennent part aux événements de la prédication du Buddha. Leur présence ou leur absence intéresse donc le fonds même des livres où on la remarque, et il est bien évident que ce seul point trace une ligne de démarcation profonde entre les Sûtras ordinaires et les Sûtras développés. L’examen comparé de ces deux classes de livres va nous mettre à même de signaler plusieurs autres différences qui doivent, si je ne me trompe, jeter du jour sur l’histoire des Sûtras et en même temps sur celle du Buddhisme du Nord en général. Mais puisque j’ai parlé des Bôdhisattvas, qu’il me soit permis de signaler ici deux de ces personnages qui paraissent au premier rang, non seulement dans le Lotus de la bonne loi, mais dans le plus grand nombre des Sûtras développés.

Je me suis déjà suffisamment expliqué touchant Mâitrêya, dont la présence aux assemblées de Çâkya était certainement une chose inconnue aux compilateurs de la vaste collection de Sûtras simples qui porte le titre de Divya avadâna. Cependant le nom de Mâitrêya paraît dans ces traités ; c’est, je l’ai dit plus haut, un personnage de la mythologie de l’avenir, le Buddha futur. Les noms des deux sages dont je vais parler sont au contraire tout à fait étrangers aux Sûtras du Divya avadâna ; ils n’y paraissent pas même une seule fois. Ces noms sont ceux de Mañdjuçrî et d’Avalôkitêçvara, qui sont l’un et l’autre des Bôdhisattvas. Dans notre Lotus de la bonne loi, Mañdjuçrî est un des auditeurs de Çâkya ; c’est le premier cité parmi les Bôdhisattvas qui siégent à l’assemblée décrite dans le premier chapitre ; c’est celui auquel Mâitrêya demande l’explication des difficultés qui l’arrêtent. Le Lotus de la bonne loi représente Mañdjuçrî comme un Bôdhisattva éminent par la science et par la vertu, qui a rempli tous les devoirs imposés à sa condition sous d’innombrables Buddhas antérieurs à Çâkyamuni ; mais, du reste, ce livre ne nous apprend rien qui le fasse connaître plus particulièrement, et il est clair qu’il en parle comme d’un personnage célèbre d’ailleurs.

Et dans le fait, peu de noms sont aussi souvent cités chez les Buddhistes du Nord que celui de Mañdjuçrî, après toutefois le nom de Çâkya, et peut-être