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XVII
NOTICE SUR LES TRAVAUX DE M. EUGÈNE BURNOUF.

Minokered, dialogue en pazend entre l’esprit divin et Zoroastre, du Sirouzé, ou Éloge des génies qui président aux jours du mois, de toutes les variantes des divers manuscrits du Vendidad-Sadé, etc. En un mot, il avait fait pour son usage d’abord, et plus tard pour celui du public, un dictionnaire zend d’après tous les fragments qui nous sont restés de cette langue morte depuis près de vingt-cinq siècles.

D’ailleurs le Commentaire sur le Yaçna ne va pas au delà du premier chapitre ou Hâ ; et le Yaçna en contient à lui seul soixante-douze, sans compter le Vendidad et le Vispered. M. Eugène Burnouf se proposait d’expliquer par la même méthode le Vendidad-Sadé tout entier, et il a donné de 1840 à 1850, au Journal asiatique, un grand nombre d’articles qui continuent le Commentaire sur le Yaçna et qu’il a réunis en un volume in-8o sous le titre d’Études sur la langue et sur les textes zends. Il a laissé, en outre, une masse considérable de notes qui pourraient fournir la matière de plusieurs volumes aussi intéressants et aussi étendus que celui-là. Dès 1833, la traduction du Vispered était à peu près achevée, comme l’annonçait l’avant-propos du Yaçna (page xxxv).

Mais si le Commentaire sur le Yaçna, et même les matériaux laissés par M. Eugène Burnouf sont loin d’expliquer la totalité des livres zends, ces secours suffisent cependant pour qu’il soit possible aujourd’hui de poursuivre et d’achever le travail commencé. La méthode est donnée ; une application qui peut servir de modèle en a été faite avec un plein succès ; et c’est une route désormais qu’on peut prendre avec sécurité. Il est vrai qu’il faudrait pour la parcourir les rares facultés qui distinguaient celui qui l’a ouverte ; mais ses successeurs auront de moins la peine de l’invention ; et l’on ne risque guère de s’égarer dans les contrées même les moins explorées, quand on y a été précédé par un guide aussi courageux et aussi sûr. La forme sous laquelle l’auteur a présenté le Yaçna au monde savant a été quelquefois critiquée, et je ne dis pas qu’elle soit attrayante ; mais c’était la seule qui pût être vraiment démonstrative et vraiment utile. Si M. Eugène Burnouf s’était borné à refaire Anquetil-Duperron, eût-il eu mille fois raison, ses corrections fussent toujours restées douteuses et contestables. Il ne faut pas oublier que c’est en quelque sorte un dictionnaire zend qu’il avait à faire ; et quoique le sens religieux et philosophique des livres de Zoroastre soit le but dernier de toutes ces recherches, M. Eugène Burnouf, au point où il les prenait, avait surtout à s’occuper du sens philologique de cet idiome inconnu ; il nous en a donné l’interprétation avec une certitude inébranlable ; et grâce à lui, toutes les inductions que l’histoire et la philosophie pourront tirer de ces vénérables monuments reposent désormais sur une base scientifique.

Le travail de M. Eugène Burnouf sur les livres zends eut une conséquence très-curieuse et presque immédiate (1834) : c’est que les Parses du Guzarate, s’inspirant de son exemple, firent autographier une de leurs copies du Vendidad-Sadé, comme il avait fait autographier une de celles qu’avait rapportées Anquetil-Duperron, et un