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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

froids. Par là sont calmées les diverses espèces de douleurs dont souffrent les habitants de ces lieux de misère. Ils font alors les réflexions suivantes : Serait-ce, amis, que nous sommes sortis des Enfers pour renaître ailleurs ? Afin de faire naître en eux la grâce, Bhagavat opère un miracle ; et à la vue de ce miracle, les habitants de l’Enfer se disent entre eux : Non, amis, nous ne sommes pas sortis de ces lieux pour renaître ailleurs ; mais voici un être que nous n’avions pas vu auparavant ; c’est par sa puissance que les diverses espèces de douleurs qui nous tourmentaient sont apaisées. Sentant le calme renaître dans leur âme à la vue de ce prodige, ces êtres, achevant d’expier l’action dont ils devaient être punis dans les Enfers, sont métamorphosés en Dêvas et en hommes, conditions dans lesquelles ils deviennent des vases capables de recevoir les vérités. Ceux de ces rayons qui s’élèvent en haut, se rendant chez les Dêvas Tchâturmahârâdjikas, Trayastrim̃ças, Yâmas, Tuchitas, Nirmâṇaratis, Paranirmita vaçavartins, Brahma kâyikas, Brahma purôhitas, Mahâbrahmâs, Parîttâbhas, Apramâṇâbhas, Âbhâsvaras, Parîttaçubhas, Apramâṇa çubhas, Çubhakrĭtsnas, Anabhrakas, Puṇyaprasavas, Vrĭhatphalas, Avrĭhas, Atapas, Sudrĭças, Sudarçanas, Akanichṭhas[1], font résonner ces paroles : Cela est

    Râurava est Kiao wen ti yo, Mahârâurava est Ta kiao wen ti yo, Tapana est Tchao tchy ti yo, Pratâpana est Ta tchao tchy ti yo, Avîtchi est Wou kian ti yo. Les huit noms suivants sont des transcriptions ; je complète ici la synonymie commencée dans la note du Foe koue ki, à laquelle je renvoie. Arbuda est O feou to, Nirarbuda est Ny lay feou to, Aṭata est O tcha tcha, Hahava est Hiao hiao po, Huhava est ’Eou heou, Utpala est Yo po lo, Padma est Po teou mo ; à Mahâpadma répond Fen to li, transcription de Puṇḍarîka, « grand lotus blanc. » (Foe koue ki, p. 298 et 299.)

  1. Sur les vingt-trois ordres de Divinités habitant les étages célestes qui, à partir des Quatre grands rois et des Dieux qui leur sont soumis, s’élèvent au-dessus de la terre, voyez les recherches de MM. Schmidt et A. Rémusat. (Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Pétersbourg, t. II, p. 24 suiv. A. Rémusat, Essai sur la cosmogr. des Buddhistes, dans Journ. des Savants, année 1831, p. 609 et 610, et p. 668 sqq.) Mais il est surtout intéressant de comparer cette liste à celle que M. Hodgson a depuis longtemps exposée, d’après les Buddhistes du Népâl. (Sketch of Buddhism, dans Transact. of the Roy. Asiat. Soc., t. II, p. 233 et 234.) La liste de M. Hodgson place entre les Akanichṭhas, c’est-à-dire les plus élevés de tous les Dieux, et les Sudarçanas, dix, ou selon d’autres, treize étages, dont je n’ai pas trouvé la moindre trace dans les Sûtras que je regarde comme les plus anciens. Ce sont des cieux de Bôdhisattvas qui me paraissent être une invention moderne analogue à celle de l’Âdibuddha, ou peut-être même un produit spécial du Buddhisme népâlais. Ce qu’il y a de certain, c’est que la liste du Vocabulaire pentaglotte ne connaît rien de cette addition de dix ou de treize cieux, et qu’elle embrasse, depuis la section XLIX jusqu’à la section LIII inclusivement, la série même que donne notre Sûtra, sauf le dernier article (le séjour de Mahêçvara) qu’ajoute le Vocabulaire. Il faut seulement faire subir au plus grand nombre des articles de ces cinq sections des corrections très-considérables, les mots sanscrits y étant, comme à l’ordinaire, reproduits avec une extrême inexactitude. Ce qui achève d’assurer toute l’authenticité désirable à la liste de notre Sûtra, c’est qu’elle se trouve, sauf quelques différences de noms, et hormis un seul article, dans la liste singhalaise telle que la donne Upham d’après des autorités pour la plupart orales. (The Mahâvansi, etc., t. III, p. 135 sqq.) Voyez sur les noms de ces Dieux une note spéciale, Appendice, no IV.