exactement aux Avadânas ; il y a des Avadânas qui ne parlent que de Çâkyamuni et de ses premiers disciples ; ce sont sans contredit les plus anciens de tous, pour le fond du moins ; il y en a qui au récit des événements relatifs au Buddha mêlent les noms des personnages qui n’ont vécu que longtemps après lui, comme celui d’Açôka, par exemple, et même de rois bien postérieurs à ce monarque. Il y en a enfin qui sont écrits en vers et qui, semblables au Guṇa karaṇḍa vyûha, que j’analysais tout à l’heure, ne sont que des amplifications assez modernes d’ouvrages ou seulement de traditions plus ou moins anciennes.
Une autre analogie qui rapproche les Avadânas des Sûtras, c’est que la discipline n’y est pas plus dogmatiquement exposée que ne l’est dans les Sûtras la morale et la métaphysique. C’est là, j’ai à peine besoin de le dire, une conséquence naturelle des analogies que je viens de signaler. Si la morale et la métaphysique ne sont pas systématiquement présentées dans les Sûtras, c’est que ces traités remontent à une époque où ces deux éléments de toute religion n’avaient pas encore acquis leur plein et entier développement, ou pour le dire d’une manière plus générale, c’est qu’ils reproduisent l’enseignement libre et varié de Çâkya, qui prêchait, mais ne professait pas. Et si la discipline n’est pas plus régulièrement formulée dans les Avadânas, c’est que ces traités sont du même temps que les Sûtras, et que Çâkya, pour établir un point de discipline, ne s’imposait, pas plus que pour la morale et la métaphysique, la marche sévère d’une exposition didactique. Il serait donc aussi difficile de tracer d’après la lecture des Avadânas le tableau complet de la discipline buddhique, qu’il l’est d’extraire des Sûtras un système absolument régulier de philosophie et de morale. Les Religieux buddhistes ont pu se livrer avec succès à un travail de ce genre, non-seulement parce qu’ils possédaient bien des ouvrages qui nous manquent, mais encore parce que la discipline qu’il s’agissait de formuler était vivante au milieu d’eux, et que la pratique, qui est bien aussi une autorité, suppléait au silence ou à l’obscurité des paroles du Maître. Mais nous qui n’avons pas les mêmes ressources, nous devons nous contenter de constater, à mesure qu’ils se présentent, les points les plus importants du système qui formait des Religieux sectateurs de Çâkya un corps régulièrement organisé. C’est ce que j’ai essayé de faire dans le cours des lectures dont je vais présenter ici le résumé, en rassemblant les traits les plus généraux de l’organisation à laquelle étaient soumis les Religieux du temps de Çâkya et de ses premiers disciples.
Pour se faire Religieux buddhiste, il suffisait, ainsi que je l’ai dit plus haut, de se sentir de la foi dans le Buddha et de lui déclarer la ferme volonté qu’on avait de le suivre. Alors le Buddha faisait raser les cheveux et la barbe du