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DU BUDDHISME INDIEN.


En ce lieu, le Seigneur, pour mettre un terme à la révolution du monde, a fait tourner la belle et excellente roue, qui est la Loi même.

C’est ici qu’il a fait adopter la vie de mendiant à mille ascètes qui avaient les cheveux nattés ; ici qu’il a enseigné la Loi au roi Bimbisâra, et que les vérités ont été vues par ce prince, ainsi que par quatre-vingt mille Divinités, et par plusieurs milliers de Brahmanes et de maîtres de maison du Magadha. C’est ici que Bhagavat a enseigné la Loi à Çâkra, l’Indra des Dêvas, et que les vérités ont été vues par ce Dieu, ainsi que par quatre-vingt mille Dêvatâs. Là il a fait un grand miracle. Ici Bhagavat, après avoir passé chez les Dêvas Trayastrim̃ças le temps du Varcha, pour enseigner la Loi à sa mère, à laquelle il devait le jour, redescendit [du Ciel] escorté d’une foule de Dieux.

Enfin le Sthavira Upagupta ayant conduit le roi à la ville de Kuçinagarî, lui dit en étendant la main droite : C’est en ce lieu, ô grand roi, que Bhagavat, après avoir rempli tous les devoirs d’un Buddha, est entré complètement dans le domaine du Nirvâṇa, où il ne reste rien de l’accumulation des éléments de l’existence. Et il ajouta cette stance :

Après avoir soumis à la discipline de la Loi impérissable le monde avec les Dêvas, les hommes, les Asuras, les Yakchas et les Nâgas, le grand Rĭchi, ce sage doué d’intelligence et d’une immense compassion, est entré dans le repos, tranquille désormais parce qu’il n’avait plus d’êtres à convertir.

À ces mots le roi s’évanouit et tomba par terre ; on lui jeta de l’eau [sur le visage], et il se releva. Puis quand il eut repris un peu ses sens, il donna cent mille [Suvarnas] pour le [lieu du] Nirvâṇa, et fit construire en cet endroit un Tchâitya. S’étant ensuite jeté aux genoux du Sthavira, il lui dit : Voici, ô Sthavira, quel est mon désir : je veux honorer les reliques de ceux des Auditeurs de Bhagavat qui ont été désignés [par lui] comme étant les premiers. Bien, bien, ô grand roi, reprit le Sthavira ; c’est là une bonne pensée. Alors le Sthavira conduisant le roi à Djêtavana, lui dit en étendant la main droite : Voici, ô grand roi, le Stûpa du Sthavira Çâriputtra ; tu peux maintenant l’honorer. Quels furent les mérites de Çâriputtra ? demanda le roi. Il fut, dit le Sthavira, comme un second maître ; il fut le général de l’armée de la Loi, pendant que le Buddha en faisait tourner la roue ; c’est lui qui a été désigné comme le premier de ceux qui possèdent la sagesse, lorsque Bhagavat a dit : La sagesse de l’univers entier, en exceptant toutefois le Tathâgata, n’égale pas la seizième partie de la sagesse de Çâriputtra. Et Upagupta prononça cette stance :

L’incomparable roue de la bonne Loi, qu’a fait tourner le Djina, le sage